Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

« Personne ne gagnera une guerre commerciale », réagit Pékin après l’annonce par Donald Trump de la hausse des droits de douane sur les produits venant de Chine, du Canada et du Mexique

Donald Trump a confirmé, lundi 25 novembre, que ses premières mesures économiques après son investiture en janvier seraient d’augmenter les droits de douane sur les produits venant de Chine, mais aussi du Canada et du Mexique. Ces trois pays sont les plus gros partenaires commerciaux des Etats-Unis. Le président élu a justifié ces décisions par les crises liées aux opiacés et à l’immigration.
« Le 20 janvier, pour l’un de mes nombreux premiers décrets, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25 % sur TOUS les produits entrant aux Etats-Unis », a écrit le président élu dans une publication sur son réseau Truth Social. « Cette taxe restera en vigueur jusqu’à ce que les drogues, en particulier le fentanyl, et tous les immigrants illégaux arrêtent cette invasion de notre pays ! », ajoute-t-il.
Dans un message séparé, Donald Trump annonce une augmentation des taxes douanières de 10 %, qui vient s’ajouter à celles existant déjà sur « tous les nombreux produits arrivant de Chine aux Etats-Unis ». Il explique avoir souvent évoqué le problème de l’afflux de drogues, notamment de fentanyl, un des principaux responsables de la crise des opiacés aux Etats-Unis, avec des responsables chinois, qui lui ont promis de punir sévèrement, « jusqu’à la peine de mort », les « trafiquants ». « Mais ils ne sont jamais allés au bout des choses », regrette-t-il.
Des raisons de sécurité nationale peuvent être invoquées pour déroger aux règles fixées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), mais les pays se gardent généralement de recourir à cette exception comme un outil régulier de politique commerciale. « Personne ne gagnera une guerre commerciale », a prévenu mardi la diplomatie chinoise.
« La Chine estime que la coopération commerciale et économique entre la Chine et les Etats-Unis est mutuellement bénéfique par nature », a déclaré un porte-parole de la République populaire de Chine, Liu Pengyu. Interrogée sur un contact entre Pékin et l’équipe de Donald Trump, une porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Mao Ning, a dit n’avoir « aucune information à fournir sur [cette] question », mais « sur le principe, nous sommes ouverts au maintien du dialogue et de la communication ».
L’augmentation des droits de douane est une des clés de la future politique économique du président élu, qui n’a pas peur de relancer les guerres commerciales, notamment avec la Chine, commencées lors de son premier mandat. A l’époque, il avait justifié cette politique par le déficit commercial entre les deux pays et des pratiques commerciales chinoises, qu’il estimait déloyales, accusant aussi Pékin de vol de propriété intellectuelle. La Chine avait répliqué par des droits de douane aux conséquences néfastes pour les agriculteurs américains notamment. L’administration de Joe Biden avait maintenu certains droits de douane sur les produits chinois et en avait imposé de nouveaux en ciblant certains produits.
Le Mexique, le Canada et les Etats-Unis sont liés par un accord de libre-échange, l’Aceum, qui a remplacé, sous le premier mandat de Donald Trump, l’Alena. En réaction, le Canada a rappelé lundi soir être « essentiel pour l’approvisionnement énergétique » des Etats-Unis. « Notre relation est équilibrée et mutuellement bénéfique, surtout pour les travailleurs américains », a ajouté la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, dans un communiqué.
Le ministre de l’économie allemand, Robert Hebeck, a appelé l’Europe mardi à se préparer à des annonces similaires, disant que l’Union européenne devait « réagir de manière unie » et « montrer clairement que tout le monde [était] perdant ». Il a souligné qu’en voulant imposer des droits de douane au Canada et au Mexique, Donald Trump visait deux pays avec lesquels Washington avait conclu un accord de libre-échange. « Cela signifie que les règles que nous nous sommes données en matière de politique économique, industrielle et étrangère sont de plus en plus fragiles ou ne sont pas respectées », a observé le ministre écologiste.
La désignation, la semaine dernière, au poste de secrétaire au commerce de Howard Lutnick, PDG de la banque d’investissement Cantor Fitzgerald et vif contempteur de la Chine, a confirmé la volonté de Donald Trump de tenter de faire plier ses partenaires commerciaux pour obtenir de meilleurs accords et relocaliser la production aux Etats-Unis.
Les économistes alertent sur le potentiel inflationniste d’une telle hausse des droits de douane. L’American Action Forum estime que l’inflation s’éloignerait des 2 % dans un premier temps, avant que les prix se stabilisent à nouveau, à un niveau plus élevé cependant. Ces mesures pourraient aussi avoir un impact négatif sur l’emploi, selon les experts.
Mardi, les Bourses européennes et asiatiques flanchaient, après les déclarations de M. Trump. Sur le Vieux Continent, la Bourse de Paris perdait 0,81 %, Francfort 0,70 %, Londres 0,47 %, et Milan 1,11 %, dans les premiers échanges.
Les marchés avaient bien accueilli la nomination de Scott Bessent au poste de secrétaire au Trésor, mais « les investisseurs n’ont pas eu le temps de profiter pleinement de la nouvelle », explique Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote. En Asie, « les nouvelles discussions sur les tarifs douaniers n’ont pas enchanté les investisseurs », relève Mme Ozkardeskaya. Mais les Bourses chinoises n’ont pas beaucoup réagi, la menace d’une hausse des droits de douane américains étant déjà largement intégrée par les investisseurs, aussi en raison de « l’espoir que la nouvelle menace de tarifs douaniers déclencherait une réponse politique plus importante de la part du gouvernement chinois », explique l’analyste de Swissquote.
Concernant la Chine, Donald Trump a promis des droits de douane pouvant aller jusqu’à 60 % pour certains produits, voire 200 % sur les importations de véhicules à partir du Mexique.
Les lois américaines donnent les outils nécessaires au président pour mettre en place des droits de douane par décret, comme Donald Trump a pu le faire à plusieurs reprises durant son premier mandat, sur l’acier et l’aluminium, chinois comme européen, par exemple.
Le Monde avec AFP
Contribuer

en_USEnglish